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Maître et Serviteur

Maître et Serviteur - TOLSTOÏ - ISBN: 2-84205-383-4

Commentaire de fin par Bernard KREISE :

  • Après la publication d'Anna KARÉNINEE en 1877, Tolstoï vécut une crise spirituelle profonde. [...] il ne veut plus être qu'un moraliste et un penseur religieux.

  • le comte Tolstoï [...] est un anticonformiste dont la révolte profonde et radicale contre es institutions l'amène à critiquer le gouvernement, les institutions politiques et économiques mais aussi à se séparer de l'Église [...].

  • Il comprend toutefois que la charité n'est qu'une tromperie de soi-même, une manière hypocrite d'étouffer la nécessité d'une action véritable en se donnant bonne conscience.

  • Élaborant le principe de la non-résistance au mal qui servira de base aux partisans de la non-violence et influencera des hommes aussi éloignés de la Russie que Gandhi, il condamne l'argent qui, en soi, est immoral à ses yeux. Il aboutit ainsi à une sorte d'anarchisme chrétien car [...] "la foi nie le pouvoir et le gouvernement".

  • Ce sont ses œuvres morales qui apportèrent à Tolstoï une célébrité inouïe.

  • Dans Maître et Serviteur, Tolstoï développe l'idée que l'homme est l'ouvrier de la terre et doit accomplir au mieux ce que Dieu lui a accordé : la vie. Nikita, qui est un ouvrier agricole en fait, pas un serviteur, l'a toujours compris en vivant sereinement, près de la terre, et il voit la mort venir avec une parfaite sérénité. Son patron [Vassili], au contraire, vivait jusque-là exclusivement pour l'argent, d'où les comptes filandreux qu'il ne cesse de faire quelques heures avant sa mort dans un rêve vain de puissance ici-bas. Mais, au moment ultime, il a, dans un sursaut plus ou moins conscient d'humanité, pitié de son ouvrier qu'il méprisait jusque-là, et il le sauve, au prix de sa propre vie, sans doute en découvrant, dans une soudaine et brève illumination, l'absurdité de son existence passée.

  • Tolstoï ne donne pas à son lecteur la solution hormis cette réflexion tautologique de Brékhounov : "Je sais bien ce que je sais". Pour Tolstoï, si la vie ne donne pas aux hommes la vérité de la vie, c'est la mort qui la leur dévoile.